mercredi 22 février 2012

Antibio - Les racines du mal

Comme à chaque fois, tel que le rappelait La Fontaine, "la raison du plus fort est toujours la meilleure". Dans notre époque mondialisée, rien n'est plus présent que l'information. Peu compte en réalité sa qualité, mais heureusement, nous en avons une quantité suffisante pour justifier nos forfaits ADSL ou autre "Box".

Le propos d'aujourd'hui sera centré sur la question de l'utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire et les conséquences éventuelles sur notre santé. Beaucoup parlent de crise mondiale de la santé, en oubliant relativement le vieillissement, le manque d'activité, les fumées industrielles et la bagnole. Plusieurs équipes scientifiques se sont penchées sur la résistance aux antibiotiques de plus en plus prévalente chez les bactéries pathogènes et commensales, chez l'humain et l'animal. Peu s'en fallait pour accuser notre coupable habituel (l'animal de ferme), en plus d'être responsable des gaz à effet de serre, le voilà propulsé danger public numéro 1.

Je me suis plongé dans la lecture du rapport de l'ANSES sur l'utilisation des antibiotiques en médecine bovine.
http://www.anses.fr/PNI101.htm
http://www.anses.fr/Documents/ANMV-Ra-Antibiotiques2010.pdf

Il en ressort, mea culpa, que le bovin consomme à lui tout seul 18% du tonnage total des antibiotiques vétérinaires. Cependant, il serait facile d'oublier que le bovin est le plus lourd des animaux de ferme, et de loin (600-800kg). Dès lors, l'indicateur pertinent choisi par l'ANSES est le chiffre rapporté à la masse totale d'animaux potentiellement susceptible d'être traitée. Ainsi, on peut distinguer que si le bovin consomme 18% des antibiotiques, il est le dernier en terme de dose rapportée à la population susceptible. Ce qui signifie que l'élevage bovin, majoritairement paysan en Europe, est celui qui utilise le moins de traitement antibiotiques.

Le palmarès pourrait se classer de cette façon :
 1) Lapins de production
2) Volailles
3) Porcs
4) Chats et chiens ( égal à la moyenne globale d'exposition)
5) Ovins et caprins
6) Chevaux
7) Bovins (2 fois inférieur à la moyenne d'exposition)
8) Poissons

 Quid des humains?
Et bien fort heureusement, la consommation d'antibiotiques a diminué depuis 10 ans de 16%. En réalité, elle a plutôt diminué jusqu'en 2004, et depuis elle stagne, voir tend à augmenter.
Je cite : 
I.3 Répartition de la consommation d’antibiotiques entre le secteur de ville et l’hôpital en
2009
En volume, et en doses journalières, les antibiotiques sont plus largement utilisés dans le secteur de ville que dans le secteur hospitalier.

  • La consommation dans le secteur de ville représente 137 millions d’unités (boîtes) vendues, avec un chiffre d’affaires (en prix fabricant) de 686 millions d’euros et une consommation en Dose Définie Journalière par 1000 habitants de 29,6. 
  • La consommation dans le secteur hospitalier représente 20 millions d’unités vendues, avec un chiffre d’affaires (en prix fabricant) de 166 millions d’euros et une consommation en Dose Définie Journalière par 1000 habitants de 2,2

Ainsi, Bovins et Humains consomment presque autant d'antibiotiques sur le terrain.

http://www.afssaps.fr/Infos-de-securite/Communiques-Points-presse/Consommation-des-antibiotiques-en-France-bilan-de-dix-ans-d-evolution-Communique

Parmi les griefs fait aux animaux c'est la transmission d'agents pathogènes résistants, cependant de nombreux articles scientifiques montrent l'absence de lien entre les pathogènes animaux résistants et les transmissions vers l'homme. En revanche, l'inverse a été prouvé, par la transmission d'un clone humain de MRSA (Staphylocoques doré résistants), à l'animal.

Un fois de plus, je regrette que le débat n'ait pas lieu sereinement et scientifiquement. Car s'il est vrai que les animaux sont trop exposés, ce n'est pas vrai pour tous.






A lire : 
J Food Prot. 2011 Nov;74(11):1852-9.
Comparison of Virulence and Antibiotic Resistance Genes of Food Poisoning Outbreak Isolates of Staphylococcus aureus with Isolates Obtained from Bovine Mastitis Milk and Pig Carcasses.
Johler S, Layer F, Stephan R.

2 commentaires:

Urlande a dit…

Dans tous les cas, des progrès sont largement possible (les diarrhées de veaux par exemple)mais il faut revoir certaines pratique et de croire en l’existence de la guéritoumycine.

Unknown a dit…

http://www.liberation.fr/societe/2012/11/16/les-antibiotiques-toujours-trop-et-mal-utilises_860704?xtor=rss-450