mardi 24 août 2010

Les chiens,

Les chiens dérangent.
Enfin… c’est surtout qu’ils me font peur.
L’autre jour, alors que j’examinais un enfant, ils se sont battus si violemment que je fus surpris par l’absence de réaction des spectateurs.
Une habitude peut être...
...sûrement.

Une morsure est pourtant si vite arrivée;
D’autant plus que de jeunes enfants se trouvaient juste à côté de la meute en furie.
Je les regarde se comporter afin de mieux m’en méfier.
Ils se suivent pour se renifler.
Souvent, ils se défient, défendent leurs territoires.
Ils sont parfois de sérieux prétendants,
Et ils le font savoir.

Aucun d’eux ne se ressemble. Ils sont croisés;
Des bâtards, qui rodent…
Témoins de l’absence de leurs anciens maîtres,
Pleurant leurs solitudes si désespérantes.
Quand ils se battent, c’est rarement en duel.


Celui qui se retrouve écrasé par le groupe souffre, en général, des plus dures attaques.
La violence me choque,
Et celle des chiens ne semble pas avoir de limites.
Quelle dure logique que de reproduire les coups que leur portent les hommes.


On les bat, à coups de corde, de botte.
On les trempe à seau d’eau.
On les affame...
Mais cela ne suffit à les chasser.
D’ailleurs, où pourraient-ils bien aller ? Il n’y a rien aux alentours.

Alors ils rodent, sans but…
Ils essaient bien de s’approcher mais c’est sans compter sur les hostilités que cela suscite.
Leurs peaux dessinent leurs montures osseuses, qui cassent parfois de tant se battre.
Les parasites les rongent, infectant leurs chairs dures comme la peur qui les maintient.
Leurs cris traduisent rage ou douleur…


Ils me font peur…

Dans une petite école où nous travaillions la semaine dernière, je pus lire, peinte en rouge, cette courte phrase : « comprendre c’est pardonner ».
Elle a raisonné en moi. Je l'ai trouvé juste.
Les chiens continuèrent de roder ce jour-là.
Il était tard. La journée avait été éprouvante.
Je les regardais.


Quand l’un d’eux s’approcha de moi.
Je ne bougeai point car il avait l’air tout à fait inoffensif, et la façon dont il vint ne dénota aucune agressivité.
Il leva la tête et nous nous regardâmes quelques secondes.


Je fus alors consterné de voir en son regard un soupçon d’humanité.

Serions-nous comme ces chiens qui se battent ?

Nicolas Garceran